Que contient cette eau du robinet ?
En vérité, personne ne le sait vraiment et il y aurait autant de
réponses que de robinets raccordés à l'eau du réseau avec des paramètres qui
pourraient changer à chaque minutes tout au long de l'année.
Pour se rapprocher d'une certaine vérité, il faudrait équiper
chaque foyer d’un laboratoire capable d’analyser en temps réel des centaines de
paramètres à partir de l’eau qui arrive à leur robinet…. ce qui est totalement
utopique, voir inutile.
Mais sans tomber dans la paranoïa, il est certain que cette eau du
robinet quelque soit son origine, contient un nombre variable de molécules
toxiques qui vont impacter ceux qui la consomme à plus ou moins long terme.
Les bactéries pathogènes
Il est difficile encore de nos jours, de faire le lien direct par
exemple entre l’ingestion régulière de pesticides pendant des années dans l’eau
du robinet et tous les problèmes d’infertilité et de cancers qui augmentent au
sein d’une population.
En revanche, il est beaucoup plus facile et rapide d’établir une
relation évidente entre une épidémie de maladies hydriques (principalement
diarrhées, gastro-entérite…) au sein d’une population et l’eau du robinet
qu’elle aurait consommé quelques jours auparavant.
C’est sans doute pourquoi, les informations officielles sur la
qualité bactériologique de l’eau du réseau sont aussi rigoureuses et fiables
dans ce domaine.
A la Réunion, l’eau qui coule à nos robinets, est de qualité
très médiocre sur le plan bactériologique de l’avis même du dernier bilan de
l’ARS (2018). Cette eau est effectivement potentiellement pathogène pour 54 %
de la population qui ne dispose pas suffisamment d’unités de potabilisation
dans l’île.
https://habiter-la-reunion.re/qualite-de-l-eau-a-la-reunion/
Le problème principal que vivent régulièrement plus de la moitié
des réunionnais est particulièrement visible en été lors des fortes pluies qui
impactent directement la turbidité de l’eau des rivières où sont situés la
majorité des 210 captages en service dans l’ile.
Pendant cette période, une partie de l'eau du réseau prend souvent
une coloration qui dissuade à juste titre les plus téméraires de la boire et ce
n’est pas le fait de suivre les recommandations officielles des Compagnies qui
distribuent l’eau de la faire bouillir pendant quelques minutes qui la rendra
de nouveau « potable » et sans impact sur la santé des consommateurs.
Certes tous les organismes pathogènes encore vivants seront
détruits lors de l’ébullition de l’eau, mais les molécules inorganiques des
polluants qu’elle contient habituellement (herbicides, pesticides, nitrates,
résidus médicamenteux, THM … ajoutés aux cadavres des bactéries et aux
matières en suspension) vont se combiner entre elles pour créer au final un
breuvage toxique peu ragoutant.
En période normale où l’eau est limpide au robinet, il se cache
néanmoins derrière cette transparence de façade des problèmes beaucoup plus
discrets mais tout aussi impactant sur la santé des consommateurs dont peu de
personne en parle jusqu’à présent.
Nous verrons plus loin, comment les Compagnies qui distribuent
l’eau « potable » s’y prennent durant toute l’année pour clarifier l’eau brute
des captages et éliminer les bactéries pathogènes avec des produits très
efficaces mais particulièrement dangereux.
La pollution d’origine
agricole et industrielle
Depuis les années 1950, des milliers de tonnes de substances
toxiques destinées principalement à l’agriculture intensive se retrouvent en
partie dans nos sols puis contaminent les rivières et les nappes phréatiques où
est captée l’eau que nous consommons.
https://www.eaureunion.fr/fileadmin/user_upload/Actions_educatives/DEPLIANT_EAU_ET_PHYTOPHARMACEUTIQUES.pdf
Les unités de potabilisation de l’eau quand elles existent, ne
sont pas équipées de membranes de filtration assez fines pour se débarrasser de
la plupart des polluants de ce type.
En France, les autorités sanitaires n’effectuent des recherches et
des contrôles dans l’eau du réseau que sur une cinquantaine de molécules
toxiques sur les milliers potentiellement existantes dont 650 molécules
d’herbicides, de pesticides et de fongicides.
En raison de leurs coûts élevés, ces analyses se font plus ou
moins régulièrement en fonction de l’importance des populations desservies et
les résultats ne sont connus des consommateurs qu’un an ou deux après leurs
prélèvements dans le meilleur des cas.
D’autre part, l’impact de la cinquantaine de molécules toxiques
sur la santé humaine recherchées sur les milliers d’autres potentiellement
présentes ne prend jamais en considération leurs effets synergétiques (effet
cocktail).
Comme on ne détecte que ce qu’on veut bien rechercher, des
centaines de molécules toxiques se retrouvent ainsi régulièrement dans l’eau de
nos robinets à des concentrations que personnes ne pourra jamais connaitre à
moins d’équiper chaque foyer d’un laboratoire complet d’analyse en temps
réel.
En plus de la pollution « ordinaire » qui contamine l’eau du
réseau en permanence, il s’ajoute parfois à cela des pollutions d’origine
accidentelles ou intentionnelles dont la population n’aura presque jamais
connaissance !
https://www.senat.fr/questions/base/2021/qSEQ210523006.html
Infertilité, cancers, maladies dégénératives, autisme, maladies
cardio-vasculaires, troubles du comportement…sont les conséquences avérées et
indiscutables des effets de ces molécules toxiques à moyen et long terme sur
des millions de personnes à travers le monde et certainement dans notre propre
entourage familial et professionnel.
Les résidus médicamenteux
La France est une des championnes européennes de la consommation
de médicaments pour les personnes mais aussi dans les élevages industriels. De
très grandes quantités de ces molécules médicamenteuses (plus de 4000
différentes) transitent par les toilettes et les égouts pour se retrouver
ensuite dans les rivières où est prélevée l’eau qui alimente nos captages de
surface.
Ces molécules très préoccupantes comme les œstrogènes (pilules
contraceptives), les antibiotiques, les anxiolytiques, les chimiothérapies… ne
sont pas recherchées systématiquement par nos autorités sanitaires mais elles
sont détectées dans beaucoup de cours d’eau dès qu’une recherche ciblée est
faite.
https://www.eau-du-robinet.fr/des-traces-de-medicaments-dans-leau-du-robinet
https://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/09/13/25392-medicaments-linvisible-pollution-leau
L’impact des résidus médicamenteux qu’on trouve de plus en plus
dans l’eau du robinet est très difficile à évaluer sur la santé de la
population mais la féminisation des poissons dans certains cours d’eau serait
déjà un signal fort à considérer d’urgence.
Voici la liste des toxiques qu’on a trouvé officiellement dans les
rivières à la Réunion en 2018 :
- 65 substances
émergentes (médicaments, substance psychoactive, cosmétiques)
- 743 biocides
(herbicides, fongicides et insecticides et leurs métabolites)
- 673
micropolluants organiques
- 84 hydrocarbures
aromatiques polycycliques et solvants
https://www.eaureunion.fr/fileadmin/user_upload/Chroniques/2019/19.09.13_CHRONIQUES_de_L_EAU_108.pdf